Interview Alexander : ingénieur satellite en Antarctique !

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Eldoradonews tend son micro à Alexander, ingénieur satellite en Antarctique pendant 15 mois !

Eldoradonews tend son micro pour une nouvelle interview ! Barbe rousse hirsute, dégaine de baroudeur, difficile de passer à côté d’Alexander Finch. Même son nom sonne comme le nom d’un explorateur ! Croisé dans un hôtel de Valparaiso, ce luxembourgeois nous a tout de suite fait rêver avec ses aventures en Antarctique. Le bougre a travaillé 15 mois sur le continent blanc dans une base aux allures de vaisseau spatial. Pingouins, brise-glace et aurores australes (et non pas boréales), on ne pouvait pas passer à côté de son incroyable expérience. Entretien.

Eldoradonews tend son micro à Alexander, ingénieur satellite en Antarctique pendant 15 mois !

Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Alexander Finch, j’ai 30 ans, je suis luxembourgeois, je suis ingénieur satellite-aérospatial et j’ai travaillé quinze mois en Antarctique au sein du British Antarctic Survey (BAS), un organisme public anglais de recherche.

Comment on se débrouille pour décrocher un job en Antarctique ?

J’ai tout simplement répondu à une offre d’emploi sur Internet ! J’ai attendu six mois avant d’obtenir une réponse. Puis j’ai finalement reçu un coup de téléphone, j’ai passé un entretien Skype et j’étais pris !

Il y a un manuel pour apprendre à travailler en Antarctique ?

Nous avons eu trois mois d’entraînement à Cambridge : la moitié pour se préparer à vivre dans un environnement glacial (en théorie) et l’autre moitié pour se préparer au travail réel que j’allais effectuer sur place.

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En Antarctique, la planète Hoth de Star Wars – l’Empire Contre-Attaque, c’est du réel.

Quel a été ton périple pour te rendre sur place ?

Le 4 décembre 2014, je me suis envolé de Londres jusqu’à Cape Town en Afrique du Sud. Là-bas, je me suis embarqué avec les 50 personnes de l’expédition sur un brise-glace : le RSS Earnest Shackleton (du nom de l’explorateur pionnier de la découverte de l’Antarctique dans les années 40, ndlr). En tout, nous avons navigué trois semaines. En fait, nous étions censés voyager deux semaines mais nous avons été bloqués dans les glaces pendant sept jours. On a du attendre que le vent change, c’est lui seul qui peut faire bouger les glaces. Et enfin on est arrivé à la station Halley le 24 décembre, le soir de Noël !

Une fois sur place, comment est-ce que la vie s’organise ?

D’abord, il faut décharger le navire (la station se trouve à 50 km du point d’arrivée). Donc pendant quelques jours, l’essentiel du travail consiste à faire des allers/retours pour acheminer le matériel et les réserves jusqu’à la base.
On est arrivé en plein été donc il faisait jour 24h/24h et « seulement » -20°C, c’est plus pratique pour travailler (Rires).

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Aller chercher le pain est d’une facilité déconcertante

En quoi consistait concrètement ton travail là bas ?

Le but de la mission était d’observer et de relever les quantités de gaz présentes dans l’atmosphère de 0 km à 100 km. Il n’y a aucune activité humaine à des centaines de kilomètres à la ronde, l’air y est donc extrêmement pur. Avec les relevées que l’on fait, on peut ensuite faire des projections de données pour le climat du monde entier. De mon côté, en tant qu’ingénieur scientifique, je devais vérifier que les données récupérées par les équipes sur le terrain étaient justes.

 

J’imagine que c’est particulier de vivre dans un tel environnement pendant 15 mois, raconte nous un peu ton quotidien là bas.

D’abord il faut savoir qu’entre l’été et l’hiver, le mode de vie varie énormément. En été (de décembre à février), c’est la course contre la montre. On a trois mois avant l’arrivée de l’hiver : tout le monde est à fond, il y a pas mal de pression. Les 50 personnes travaillent 6 jours par semaine, 10h par jour, c’est assez fatiguant. Mais tout le monde a un travail spécifique, la machine est bien rôdée.
En hiver, nous n’étions plus que 12 : les irréductibles ! C’est le minimum pour faire tourner la base. Là, tout le monde est mis à contribution pour toute sorte de travail en plus du sien : le ménage, la cuisine, le ramassage de la neige (pour avoir de l’eau en continu)… La pression se relâche un peu, on travaille 5 jours par semaine. Bon par contre, on a trois mois sans soleil et la température est d’environ -50°C. Mais paradoxalement, c’est plus facile de dormir que l’été où il fait jour en continu.

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Oui bon faut être équipé

 

Et le week-end, on fait quoi en Antarctique ?

Comme en Europe, sauf que tu vois moins de têtes différentes (rires). Là bas, il y a de quoi s’occuper : il y a une salle de gym, un billard, des jeux-vidéo et même de l’alcool. On s’est fait quelques soirées. Bon on se mettait pas minable non plus, en cas de problème, ça peut devenir dangereux. Bon une fois on s’est mis vraiment saoul.

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Foot sur glace, tranquille.

Et vivre avec les mêmes 11 personnes durant des mois, ce n’est pas trop dur ?

On fait tous des efforts pour que ça se passe bien. On est conscient qu’on doit prendre sur nous pour éviter le burn-out. Après il y a des gens plus ou moins bien préparés. Les autres années, il y a eu quelques problèmes entre les équipes mais tout s’est bien passé de mon côté. Je me suis vraiment lié d’amitié avec plusieurs personnes.

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La marche de l’empereur, c’est tous les jours

Quel bilan tu ferais de cette expérience ?

La vie là bas est finalement très simple : pas de courses à faire, on ne se préoccupe de pas grand chose en fait. En fait, les priorités ne sont pas les mêmes. En Antarctique, tu vas à l’essentiel : tu agis pour survivre. Tu n’as souvent pas le choix pour les tâches que tu as à faire. Même pour le repas, tu ne choisis pas ce que tu manges. Moi ça m’allait très bien. C’est à mon retour que j’ai eu du mal ! Choisir des produits dans un supermarché était un vrai casse-tête : je n’étais plus habitué à avoir le choix ! Pour le reste, c’était une expérience formidable, j’ai vu des aurores australes toutes les semaines, des pingouins par centaines : c’était vraiment unique. Mais je crois que la chose qui m’a le plus marqué, c’est le silence qui règne là bas.

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La binouze à -45°C, il faut la boire vite

Un grand merci à Alexander pour avoir répondu à nos questions. Les photos sont d’Alexander et du British Antarctic Survey. Si vous voulez en savoir plus, rendez vous sur leur page Facebook.

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