Florence, de l’esprit et du goût

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Florence est une célébration. Une célébration du goût, du sel de l’existence, de la moelle de la vie. Tout ce qui élève l’âme, forge l’esprit et comble les papilles est mis en valeur. Ici, on festoie, on comble, on déguste, on offre, on peaufine, on séduit, on sublime. On emplit le regard de tout ce qui peut le ravir. Hédonisme ? Dolce vita ? Epicurisme ? Appelez ça comme vous voulez : Florence est de ces villes qui sollicitent sans cesse l’esprit. Et elle le fait avec goût.

 

Gloires passées gravées dans le marbre

 

Comment l’expliquer ? « Cette ville est trop pleine des rumeurs du passé »,  disait Camus dans un court recueil de textes intitulé l’Été. « Cette ville a formé tant d’esprits européens qu’il faut bien qu’elle ait un sens. Elle garde de quoi attendrir et exalter. Elle apaise une certaine faim dont l’aliment est le souvenir« .

Nul besoin d’être télépathe pour percevoir dans les airs le génie des grands hommes qui passèrent ici le temps d’une semaine ou d’une vie. Da Vinci, Donatello, Rafael, Botticelli, Michel-Ange, Machiavel, Dante ont marqué à jamais la ville de leur empreinte. Ils se tiennent tous dans la rue abritant la galerie des offices, sculptés dans le marbre, imprégnés d’une gloire éternelle.

Au-delà des sculptures, des tableaux, des livres et des édifices créés -bien visibles ceux là- il semble que ce soit leurs grandeurs rassemblées qui jugent le visiteur : « Qu’as tu fait de ta vie toi petit étranger ? Es-tu bien sûr d’être digne de déambuler dans ces rues ? » semblent t-elles nous glisser.

La galerie des offices, le musée le plus célèbre d’Italie -si ce n’est du monde- et le palazzo vecchio au fond

Là réside le paradoxe de Florence. On y vient des quatre coins du monde pour s’imprégner de cette inspiration qui guida tant d’artistes. Ce n’est pas très dur : elle se manifeste en tout endroit de la ville. Mais elle peut très vite se transformer en un regard inquisiteur vous écrasant sous le poids de tant de gloires passées.

Ce genre de regard inquisiteur
Ou encore celui-ci

 

L’inspiration à chaque trottoir

 

Florence m’oblige d’ailleurs à me contredire. Nulle autre ville visitée n’est un « musée à ciel ouvert« . Florence est le seul endroit où ce lieu-commun employé à tort et à travers (moi inclus) revêt une signification réelle. Florence est LE musée italien -si ce n’est européen- à ciel ouvert. Sans commune mesure avec Séville, Paris ou Budapest. Nulle part ailleurs, je n’ai vu (et admiré) autant de statues qui me laissaient autrefois totalement indifférent. Nulle part je n’ai vu l’art aussi célébrer. Sur chaque placette, dans chaque rue, sous chaque arcade.

Peintures, sculptures, architecture, gastronomie : tout y est sublimé. Le Palazzo Vecchio, la Galerie des Offices, la galerie Palatine… les musées les plus prestigieux se comptent par dizaines et ils regorgent tellement d’œuvres que l’on expose les créations dans les rues, sur les places, comme sur la Piazza della Signoria au pied du Palazzo Vecchio.

Hercule VS centaure sur la Piazza della Signoria

La renaissance, période de faste et de libération, annonciatrice de l’esprit révolutionnaire du siècle des Lumières à venir, est fêtée partout et c’est somptueux. Une telle concentration d’œuvres n’a été rendu possible que par un soutien culturel et de mécénat élevée en principe directeur.

Maîtres de Florence, La maison Medicis s’y est appliquée durant des siècles. Initialement simples commerçants, les Medicis sont peu à peu devenus la principale fortune européenne avant de s’inviter à la même table que les familles royales européennes, fournissant bientôt des épouses aux souverains et des papes au Vatican. Si la lignée s’est aujourd’hui éteinte, leur influence sur les affaires du monde durant plus de trois siècles est démesurée. Florence est à l’image de leur destin : grandiose et sans limites.

Le Duomo, l’imposante cathédrale de la ville

 

Bercée par la chaleur toscane, fondée au creux des collines, arrosée de vins du Chianti, surmontée de vergers, débordée de chefs-d’oeuvre et emplie de saveurs, Florence s’est faite capitale autoproclamée de l’appétit prononcé et du goût sûr.